Questionnaires

Questionnaires sur la sensibilité

Il m’aura fallu bien des réécritures, des nœuds au ciboulot et des étirements pour parler d’émotions ! Etant moi-même autoproclamé super sensible voire zébré, le sujet me tient à cœur. Lançons-nous !

Dans le déroulé partant de l’événement déclencheur de l’émotion et aboutissant à un comportement, nous nous focalisons ici sur le tout début : comment nous recevons l’événement et le ressenti associé. Et c’est déjà pas mal ! Plus précisément, on distinguera la sensibilité et les compétences émotionnelles venant aider à conjuguer avec.

Sensibilité

La sensibilité – humaine comme photographique – indique à quel point l’intensité d’un signal entrant (lumineux, olfactif, auditif, souvenir, etc) . Elle agit comme un filtre qui pourra varier le ressenti perçu d’un événement. Ainsi, pour un même événement ou stimuli, une personne ressentira plus de choses qu’une autre. Voyons comment évaluer cette sensibilité.

Ze questionnaire le plus connu en la matière est le HSP (Highly Sensitive Person) de Elaine Aron qui a dédié sa vie (depuis les années 90) à ce sujet (cf son site). Un peu comme le MBTI, ça finit par se faire connaître ! 23 questions sur la sensibilité aux bruits, à la douleur, etc. On aurait pu ajouter si tu aimes les étiquettes qui grattent ! je suis taquin. On note aussi 2 questions sur l’énervement. Intéressant. Sujet sur la colère à venir…

J’en ai trouvé de nombreux autres (des livres « Hypersensible, hyperamoureux » ou « J’aide mon enfant hypersensible à s’épanouir » ou encore dans le Cerveau & psycho N°141) qui se ressemblent pas mal mais dont je doute d’une quelconque validation scientifique. Le plus vaste (et onéreux !) étant celui d’Atypikoo en 133 questions qui couvre une dizaine d’aspects intéressants de la sensibilité mais qui s’éloignent à mon sens du sujet (je pense au perfectionnisme qui mérite une discussion séparée sur les masques/faux self).

Finalement, Théia propose le CASS (Clobert Adult Sensitivity Scale) de N. Gauvrit validé en français (ref) qui à la fois présente des qualités scientifiques mais aussi un découpage en plusieurs domaines : sensibilité esthétique, réactivité émotionnelle, tendance à la saturation et perception des subtilités.

Dans tous les cas, le terme « hypersensibilité » est employé à mauvais escient. Quand Elaine Aron explique qu’environ 20-30% de la population est hypersensible, cela n’a aucun sens. Comment fixer un seuil à la sensibilité ? Il en va de la sensibilité comme de l’intelligence ou d’autres échelles : on peut par exemple normer les scores et décider que les 2% ayant les plus hauts scores sont « hyper-« .

Conséquences d’une haute sensibilité

Je parle donc d’une haute sensibilité, même si ici comme ailleurs il n’y a ni case ni label ni seuil mais simplement un score qui va de 1 à 7 typiquement sur Théia. Bref, plus ce score de sensibilité est élevé, plus l’émotion ressentie est forte.

Les conséquences se devinent facilement, et quiconque se juge sensible ou connaît dans son entourage des personnes particulièrement sensibles pourra l’attester : on pense aux montagnes russes émotionnelles qui peuvent parfois être très difficiles à contenir. Mais la sensibilité a également d’autres liens démontrés avec l’extraversion par exemple : on veut tous ressentir un certain niveau de stimulation pour être énergisé, mais plus on est sensible plus ce niveau est atteint rapidement (avec peu de stimuli). Quand il est dépassé, on souffre. Dans l’exemple de la photo, l’extraverti (moins sensible) a des lumières de soleil, donc il peut encaisser plus de luminosité quand l’introverti sera plus vite ébloui. Exemple plus concret : l’extraverti a besoin de plus de monde et d’animation pour atteindre ce seuil quand l’introverti suffoque. Pourquoi ? Parce qu’avec sa sensibilité, l’introverti se suffit de 1 ou 2 potes pour être dynamisé.

Autre conséquence, le stress. Bien sûr ! En ressentant plus, on est plus variable émotionnellement (cf dimension « stabilité émotionnelle » de l’HEXACO/Big5 qui est évaluée dans la foulée de la sensibilité par Théia), on perçoit plus donc on capte plus le jugement d’autrui donc plus de stress et d’anxiété.

Heureusement, la sensibilité apporte aussi son lot de belles qualités aussi comme l’empathie, la créativité, l’ouverture… pour quiconque accepte sa sensibilité (je pense aux rigides et perfectionnistes qui « choisissent » de l’étouffer mais on en reparlera).

OK. Donc plus de sensibilité amène plus de variation émotionnelle. Pour prévenir ou guérir une émotion intense, il faut des compétences…

Compétences émotionnelles

Les compétences émotionnelles (CE) – comme leur nom l’indique ! – sont des compétences, c’est-à-dire qu’on peut avoir des aptitudes et prédispositions, mais elles peuvent aussi s’acquérir. Dans le dernier modèle que j’ai pu trouver (cf « Développer les compétences émotionnelles » chez Dunod), les auteurs identifient 5 compétences qui s’appliquent à ses émotions (intrapersonnel) et à celles des autres (interpersonnel) : identification, compréhension, régulation, expression et utilisation.

Note : Je parle de compétence émotionnelle (CE) plutôt que de quotient émotionnel (QE) ou pire d’intelligence émotionnelle (IE) qu’on trouve partout (#Goleman etc) parce que ces deux derniers laissent penser qu’il en va de l’émotion comme du QI ce qui est faux, essentiellement parce que le QI ne peut pas s’acquérir, contrairement aux compétences émotionnelles. Je n’utilise donc pas non plus le terme HPE (Haut Potentiel Emotionnel) pour sa ressemblance à HPI (HP intellectuel).

Plusieurs questionnaires ont été développés pour mesurer les compétences émotionnelles.

Le PEC (Profile of Emotional Competence) est le questionnaire (en 50 items) reprenant le travail des auteurs que je mentionne ci-dessus, disponible en ligne en partie gratuitement.

Le SSEIT (Schutte Self Report Emotional Intelligence Test), de N. Schutte, comporte 33 questions qui évaluent peu ou prou les compétences sus-citées.

Le TEIQue (Trait Emotional Intelligence Questionnaire) existe en 144 items ou 30 dans sa version courte (TEIQue – SF), que tu peux faire en ligne également. Par contre, les 4 facteurs analysés (bien-être, maîtrise de soi, émotivité et sociabilité) s’éloignent fortement des modèles modernes.

On trouve également 2 tests spécifiques sur la régulation émotionnelle (l’une des compétences) : le DERS (Difficulties in Emotion Regulation Scale) et l’ERQ (Emotion Regulation Questionnaire) validé en français (ref). La régulation émotionnelle est d’ailleurs l’une des compétences clé dans le coping (ref).

Et comme toujours, on en trouve d’autres (comme celui-ci) sur Internet dont la validité (et la pertinence du résultat) me laissent dubitatif…

Allez, c’est parti, on développe ses compétences 😇

Auteur

vincent@theia.blog
Vincent est concepteur de Théia. Lis toute l'histoire sur notre tout premier post de bienvenue !
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